NESLES
“BAROCCO”

Artwork : Pascal Blua
Photographies : Matthieu Dufour
Walden Music (2025)

À PROPOS


Mister B
Dans ce flux, ce raz de marée continu d’images et d’informations, dans cet air vicié et sursaturé des réseaux que l’on dit sociaux, il y a quelques bulles d’oxygène que je guette, parmi lesquelles les posts discrets et toujours élégants de Pascal Blua.

Chaque fois que je découvre la pochette d’un album designée par ses soins, je suis heureux et soulagé. Soulagé de le savoir toujours en activité. Heureux pour les artistes qu’il a choisi d’accompagner – parce qu’il s’agit bien de choix et d’accompagnement. Chaque fois que je contemple l’un de ses nouveaux visuels, j’ai envie de découvrir quelle musique se cache derrière. Car c’est là le grand truc d’une pochette réussie : elle vous donne envie d’en savoir plus, d’écouter le son qui est à l’origine de tout ce merveilleux bordel.

Les pochettes de Pascal, que ce soit en vrai, lorsque je les tiens en mains, ou en virtuel, je les scrute, j’y reviens, je les aime. Je pense que chacun.e des musicien.ne.s qui a travaillé avec lui mesure la chance qu’elle ou il a eue d’être ainsi sublimé.e et mis.e en valeur. Le savant équilibre des éléments en présence (typo, figures, formes…), le choix des couleurs, des textures, des typos (une des grandes passions de Mister B), le traitement de l’ensemble, etc, font toujours l’objet d’un très grand soin chez lui. Ça se voit, ça se sent, ça se palpe.

Concevoir une pochette d’album c’est s’emparer de la musique et la raconter autrement, dans un autre langage. Pour paraphraser Storm Elvin Thorgerson (graphiste britannique du fameux collectif Hipgnosis), c’est s’adresser à une autre partie du cerveau. Il faut être à la fois visionnaire, cinglé, et posé. Curieux et cultivé, Pascal a développé son propre vocabulaire graphique – vocabulaire qu’il n’a de cesse de questionner et d’enrichir. J’aime que la pochette soit une création à part entière et pas un soutien marketing, une illustration didactique ou redondante de la musique et des paroles. J’aime l’ambivalence, le double-sens, la polysémie, la tension, et même le danger qui peuvent s’en dégager, les questions que cela peut provoquer. L’imaginaire se met alors en action et chacun peut se raconter ce qu’il veut. On est où ? C’est qui ? C’est quoi ? C’est quand ? Mais pourquoi ? Mais comment ?

Mes collaborations avec Pascal ont toujours été pleines d’échanges stimulants, de bienveillante émulation et de respect. Je sentais que chacun essayait d’emmener l’autre encore plus loin. Il n’a jamais remis mes idées en question. Lorsque je lui faisais part de mes fantasmes graphiques, sa seule préoccupation était de rendre cela possible, et de pousser les curseurs – sans perdre de vue le « big picture » – ce qui n’est pas une mince affaire.

Nesles
Octobre 2025